Au début, je n'ai pas remarqué la beauté de Mélodie. Elle ne se percevait pas d'emblée. Elle ne foudroyait pas. Elle prenait possession de manière progressive avant de s'imposer comme l'empreinte d'un baiser sur des lèvres coupables. Étrange beauté, soulignée par des yeux dont l'ardeur contrastait avec l'aspect voilé des regards. Pas de maquillage. Pas de bijoux. Un parfum discret. Malgré tant de sobriété, il émanait d'elle un magnétisme dont j'ignorais le pourquoi. C'était une femme-piège comme il existe des plantes carnivores... " Ainsi parle la sage Aurore, dont Jérôme, impuissant, observe la métamorphose. Car Aurore est soumise à l'attraction d'un astre plus puissant. Et cet astre est féminin. L'irruption de ce curieux amour menace d'ensevelir ce qui fut l'histoire d'un couple... Dans la langue poétique qu'on lui connaît, Ernest Pépin célèbre l'amour de deux femmes. Un Cantique des cantiques créole, qui est aussi un hymne à la liberté des corps et à la condition féminine.
BIOGRAPHIE ERNEST PÉPIN
Figure de proue de la créolité Ernest Pépin, marque la littérature caribéenne par sa façon moderne d'aborder cette identité issue de multiples cultures. Ernest Pépin commence par enseigner le français avant de mettre au service de la critique sa grande culture littéraire. Ce qui le conduira tout naturellement à présenter une émission sur France 3. Lorsqu'il n'est pas conférencier, Ernest Pépin devient poète. Sort de sa plume sa conception de la créolité qui, pour lui, ne doit pas se replier sur elle-même. Au contraire, elle doit s'ouvrir et assumer les origines qui l'ont construite. Son premier recueil de poésie, 'Au verso du silence', est publié en 1984. Mais c'est six ans plus tard qu'il est reconnu, grâce à 'L' homme au bâton', roman tragi-comique dans lequel Ernest Pépin traite avec humour du folklore antillais. Il réitère son succès avec le recueil 'Boucan des mots libres' en 1991, qui lui permet obtenir le Prix de Las Casas America. Suivent 'Tambour-Babel', dans lequel il est question de la pluri-culture créole. En 1996, 'Le Tango de la haine' parle de jalousie féroce avec mordant. Le reste de son oeuvre alterne poésie et prose créole - 'Cantique des tourterelles', 'Babil du songer'... En 2006, dans 'L' Envers du décor', il détruit le cliché de cette Guadeloupe de carte postale où rhum, insouciance et boubous masquent une réalité bien plus sombre. (Source Evène)
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