"Migration, blessure psychique
et somatisation ch.3.6. : Le concept de résilience lié au traumatisme
"Boris
Cyrulnik, éthologue, médecin psychiatre, dont il a déjà été question dans les
chapitres précédents, a puisé dans son histoire personnelle de victime directe
du nazisme, les sources d’un concept qui va ouvrir de nouvelles perspectives à
l’histoire du traumatisme : la résilience. Pour lui, c'est une notion dynamique
qui ne concerne pas l'individu en soi, mais plutôt sa trajectoire de vie. Face
à l'adversité, il surmontera les épreuves en ayant recours à ses ressources
positives, véritables éléments de protection. La résilience n'a pourtant rien à
voir avec l'invulnérabilité ni la réussite sociale.
Cyrulnik
emprunte à la chanteuse française Barbara ces mots qui débutent son livre Les
vilains petits canards : « Je suis née à l’âge de vingt-cinq ans, avec ma
première chanson… Avant, je me débattais… J’ai dû me taire pour survivre. Parce
que je suis déjà morte il y a longtemps – j’ai perdu la vie autrefois – mais je
m’en suis sortie, puisque je chante. » Elle impliquait par là que sans la
chanson, elle n’aurait pas survécu psychiquement au viol de son père
lorsqu’elle était enfant, ni aux persécutions qu’elle avait subies pendant la
guerre.
La
résilience, mot du vocabulaire métallurgique, signifie, d’après le
dictionnaire, « le rapport de l’énergie cinétique nécessaire pour provoquer la
rupture d’un métal, à la surface de la section brisée ». Ce terme implique donc
que tout corps déformé, tant qu’il n’a pas atteint ce point de rupture,
reprendra sa structure quels que soient les coups et les pressions du milieu.
B. Cyrulnik adapte ce concept de résilience à la psychologie pour montrer,
contrairement aux idées reçues, que la répétition transgénérationnelle n’est
pas une fatalité : un enfant battu ne donnera pas forcément un parent
maltraitant. Il ne reproduira pas les mêmes schémas s’il a recours à ses
propres ressources internes pour faire le deuil de ce qu’il a vécu.
La résilience est donc un processus dynamique donnant à l’individu la capacité de réagir lorsqu'il est confronté à l'adversité, de rebondir dans la vie, de puiser dans ses ressources internes pour réapprendre à vivre une autre vie, une vie après l’événement traumatique. Il n'y a pas de réversibilité possible après un trauma ; par contre, la résilience nous force à le transformer, le métamorphoser. Le travail de mémoire consistera alors à utiliser le passé, y imprégner notre imaginaire, rendre supportable le réel présent ainsi recomposé et faire des liens entre présent, passé et futur, car « c’est le style de développement de la personne blessée qui attribue au coup son pouvoir traumatisant. »
La résilience est donc un processus dynamique donnant à l’individu la capacité de réagir lorsqu'il est confronté à l'adversité, de rebondir dans la vie, de puiser dans ses ressources internes pour réapprendre à vivre une autre vie, une vie après l’événement traumatique. Il n'y a pas de réversibilité possible après un trauma ; par contre, la résilience nous force à le transformer, le métamorphoser. Le travail de mémoire consistera alors à utiliser le passé, y imprégner notre imaginaire, rendre supportable le réel présent ainsi recomposé et faire des liens entre présent, passé et futur, car « c’est le style de développement de la personne blessée qui attribue au coup son pouvoir traumatisant. »
A propos de Migration, blessure psychique et somatisation:
Cette recherche, à l'image des gens que reçoit notre association et des membres qui composent son équipe, est plurielle.
Plurielle dans les ancrages théoriques, les formations des psychologues de pluriels, plurielle quant aux plumes qui s'expriment dans le texte qui suit, plurielle par la diversité des histoires recueillies lors des thérapies effectuées par les uns les autres, et dont l'analyse a servi de base à cette réflexion.
Le déroulement de la recherche, le fonctionnement en équipe lors de cette activité, ont connu toutes les richesses et les difficultés d'un travail en contexte pluriculturel : des discussions passionnantes, des affrontements idéologiques, de longues périodes de stagnation, des instants de grâce où nous touchions du doigt un accord dans la façon de penser et de travailler... Le texte final en est aussi le reflet.
La problématique abordée: "traumatisme et somatisation dans un contexte migratoire ", a certainement contribué elle aussi, à nos difficultés. Le fait qu'il n'est pas évident pour une équipe, relativement nombreuse de praticiens, de se mettre dans une logique de recherche, activité au long cours à maintenir en parallèle à une pratique au quotidien, mouvante, souvent dans l'urgence; le fait aussi que tous les psychologues ont un mandat très partiel à pluriels , ce qui implique un morcellement conséquent de leur temps de travail. Ce qui nous a rassemblés, mis à part l'engagement auprès des migrants qui constitue le fondement de notre association, c'est l'intérêt pour la problématique né de nos préoccupations cliniques, et le fort parti-pris de ne pas considérer la migration comme forcément associée à la pathologie, avec tout le cortège de représentations négatives qui lui est généralement associé, même dans le contexte de souffrance psychique qui est le nôtre
Biographie:
Marie-Andrée Ciprut, psychologue FSP (Fédération Suisse des psychologues), psychologue-psychothérapeute, ancienne responsable clinique, jongle avec l'Interculturel depuis son plus jeune âge.
Membre des conseils d'administration de plusieurs associations telles le Club culturel Franco-Caraïbe et l'AGRAF (Association Gessienne contre le racisme et le fascisme), Marie-Andrée CIPRUT est aussi l'auteure de plusieurs ouvrages, dont Flore de femmes .(Source amazon)
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