Guy Chaty à propos de Lointitude
Un long poème déchirant et désespéré sur la condition humaine à partir des sensations physiques du poète et de ses impressions mentales, d’où jaillissent des moments de complétude – parfois dérisoires – sur l’état de vie et le bonheur d’écrire.
Son corps n’est pas sûr. « Ce corps / qui traverse le temps / est-il toujours / le même corps ? » Ce corps est « orphelin / de l’antique fusion… ». La peau « ne défend plus…de l’écorchure à vif ». Les pleurs sont suspects : « mais ce n’est pas lui qui vagit, / c’est / cette béance qui fend son torse en deux… ».
Les mots mêmes du poète le mènent à l’exil. « cracher un mot de poésie » « C’est un peu comme se jeter hors de son corps ». Et cela « vous perd pour le réel ».
Le sommeil est un refuge : « N’avoir plus en guise de conscience que ça : / l’obscurité tournée au-dedans d’elle-même ». Ainsi que le repliement : « Je ne suis jamais plus heureuse que quand je redeviens la boule basique. Que quand je me rétracte pour regagner mon état originel » et une forme de « plénitude » : « Plein . Comme une miche de pain. / Tel est ce moment jubilatoire. / Tel est ce moment insignifiant. / Sur lequel il n’est rien à dire. Car il ne se passe rien. En dehors du silence doré. »
Tout cela se résume en « lointitude », synthèse d’éloignement et de solitude.
Des bonheurs vrais : les roses, les souvenirs de la petite-fille de la grand-mère de l’Île Maurice, un poème « Un souffle qui s’étire / parfois vers l’infini ».
Une poésie sans concession, qui va au plus profond par la force des images et des mots purifiés.
Guy CHATY.
in revue Poésie / première, N°47.
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Ce corps
qui traverse le temps
est-il toujours
le même corps ?
Ce corps-moi, suite d’avatars
est-il unité ou
mouvance ?
Qu’aurait à dire cette voix
juvénile à cette voix mûre ?
Que répondrait cette autre voix
de vieillard à ce qu’elle était
voici quelques trente ans plus tôt ?
Nous
nos visages successifs
qui ne se rencontrent
jamais
que par le biais du souvenir
mais qui auraient tant à
s’apprendre !
BIOGRAPHIE.
Née en 1955 à Bamako (Mali) d'un père français et d'une mère originaire de l'Ile Maurice,Patricia Laranco a passé son enfance d’abord en Afrique Noire, puis sur le territoire français, dans les Charentes. Par la suite, son adolescence s’est déroulée dans le sud-ouest de la France, où elle a poursuivi des études supérieures d’histoire, avant de venir s'établir à Paris où elle réside depuis 1979. Elle a exercé successivement les professions d'animatrice et d'employée de bibliothèque. Elle a publié à ce jour sept recueils de poèmes et collaboré (en tant que poète, mais aussi en tant que critique littéraire et auteur d’articles) à de nombreuses revues littéraires (« Phréatique », « Diérèse », « Les Cahiers de Poésie », « Décharge », « Verso », « LittéRéalité », « Jointure », « Inédit nouveau », « Les Cahiers du Sens », « Le Cerf-Volant », la revue mauricienne « Point-barre »…) ainsi qu'à quelques anthologies et sites internet. Elle est membre du Comité de lecture de la revue « Jointure ».
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Outre l’écriture poétique, Patricia Laranco s’adonne également à la photographie, au collage photographique et à la peinture. Elle a eu l’occasion de donner des conférences sur la poésie de l’Océan Indien et de faire des interventions d’animation poétique et d’éveil à la poésie en milieu scolaire, dans un collège parisien.
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Copyright@dominiquelancastre
Seule toi Patricia Laranco, sait jouer avec les mots , qui certes sont maux mais qui peuvent devenir douceurs quand tu les fais jouer. Tout est remis cause mais dans la dérisionet avec un humour subtilement caché.
RépondreSupprimerD-orénavant, je ne D-outerai plus de tes D-éclarations .
bravo Domi de la transmission de ces écrits, de ces photos que tu choisis avec soin et qui collent au contenu .Nanadydy
Je retrouve Patricia Laranco qui s'interroge sur ce corps et qui fait nous interroger; ton poème nous incite, tel qu'il est décrit à vouloir en connaître plus et sur cela je te fais confiance toi qui en surprend plus d'un .
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